LAPICQUE Charles

LAPICQUE Charles

Prénom NOM
Charles LAPICQUE

Charles LAPICQUE - Désertion 1972

Désertion 1972

Désertion - 1972
gouache et aquarelle sur papier fort Canson
signée en bas à droite
annotée "Essai Lapicque 72" à gauche vers le bas
portant des indications manuscrites pour la couleur
dimensions : 32,6 x 25 cm

Ordre de présentation
1

Présentation Charles LAPICQUE

Présentation

Charles Lapicque naît sous le nom de Charles René Thouvenin le 6 octobre 1898 à Theizé, dans le Rhône, d'une famille originaire des Vosges. Son père Charles Joseph Lapicque chef d’orchestre, et aussi peintre, meurt en 1898 avant sa naissance. Sa mère Marguerite Elise Thouvenin meurt en 1959. Charles Lapicque sera confié à ses grands-parents vivant dans les Vosges puis il sera adopté par son oncle Louis Édouard Lapicque, académicien et professeur de physiologie générale à la faculté des sciences de Paris, et par sa tante Marcelle de Heredia neurophysiologiste, elle-même fille de Severiano de Heredia, député de la Seine en 1881, ministre des travaux publics en 1887.
 

À partir de 1909 il habite Paris chez son oncle Louis Lapicque, pour suivre ses études secondaires, et pratique le dessin au lycée puis dans les académies libres. Mobilisé de 1917 à 1919 dans l'artillerie de campagne, il y acquiert une connaissance des chevaux qui se retrouvera plus tard dans ses peintures, et participe aux combats de 1918.

En 1919 Revenu à la vie civile avec une citation pour acte de bravoure exceptionnel, et la croix de guerre. Charles Lapicque entre à l'École centrale des arts et manufactures de Paris, s'intéressant particulièrement aux projections et perspectives utilisées dans le dessin industriel.
 

1920 Il épouse Aline Perrin illustratrice et peintre, fille du professeur Jean Baptiste Perrin qui recevra le et prix Nobel de physique en 1926 pour sa découverte de l’équilibre de sédimentation.

Il peint en 1920 ses premières huiles sur toiles près de Caen. Ingénieur dans la distribution d'énergie électrique, il dirige en 1921 un secteur près de Lisieux.

Ses premières œuvres révèlent d’emblée une grande originalité, oscillant entre la figuration et l’abstraction qui s’entremêlent parfois.
Appelé au Bureau d'études techniques il s'installe à Paris en 1924.

En 1925 il peint Hommage à Palestrina suscitant les encouragements de Jeanne Bucher qui lui propose de devenir « peintre de sa galerie ». En 1928 il abandonne sa carrière d'ingénieur et se consacre entièrement à la peinture. La Galerie Jeanne Bucher organise en 1929 sa première exposition personnelle.

En 1931 en raison de la crise monétaire il est contraint d’accepter un poste de préparateur à la faculté des sciences de Paris. A l’aide des ressources de son laboratoire il effectue des recherches sur la perception des couleurs, qui le conduisent à remettre complètement en cause les conventions picturales issues de la Renaissance et à proposer le renversement des lois classiques d’utilisation des couleurs et leur échelonnement dans l’espace.

« J'avais montré que la règle classique, celle de Vinci, préconisant de placer les bleus dans le lointain, les rouges, orangés et jaunes au premier plan, est un contre-sens ; il est plus logique, plus favorable de faire l'inverse. »
Charles Lapicque dans « Le rouge et le bleu dans les arts, 1936

Mobilisé en 1939, Charles Lapicque est chargé d'études sur la vision nocturne et le camouflage travaillant  avec Antoine de Saint-Exupéry au Centre national de la recherche scientifique
Il participe en compagnie de : Jean Bazaine, André Beaudin, Paul Berçot, Jean Bertholle, Francisco Bores, Lucien Coutaud, François Desnoyer, Léon Gischia, Lasne, Lucien Lautrec, Raymond Legueult, Jean Le Moal, Alfred Manessier, André Marchand, Édouard Pignon, Suzanne Roger, Gustave Singier, Pierre Tal Coat et Charles Walch, en 1941, sous l’occupation allemande, à l'exposition "Vingt jeunes peintres de tradition française" à la galerie Braun, démontrant ainsi la vitalité des courants artistiques français d'avant-garde considérés par le régime nazi comme "art dégénérés".
 

En 1942 Charles Lapicque et sa femme Aline, accueillent, une famille juive. Le couple Lapicque et ses fils fournissent des faux papiers et cachent aussi des aviateurs anglais et des émissaires venus de Londres.

En 1943, un contrat avec la Galerie Louis Carré, lui permet de se consacrer entièrement à la peinture.

Peintre du Département de la Marine de 1948 à 1966.

La même année 1966, il est fait officier de la Légion d'honneur et Commandeur des Arts et Lettres.

En 1966 il est nommé officier de la Légion d’honneur et commandeur des Arts et Lettres.

Charles Lapicque reçoit le Grand prix national de peinture en 1979.

Charles Lapicque est mort le 15 juillet 1988 mort à Orsay dans l’Essonne.

Le couple Lapicque est distingué en 2000, à titre posthume, comme “Juste parmi les Nations”.

De nombreuses expositions personnelles lui ont été et lui sont encore consacrées à travers le monde. Charles Lapicque est présent dans les principaux Musées.

Charles Lapicque - Récompenses et Collections publiques

Récompenses et Collections publiques

Récompenses


-    1914-1918 : Croix de guerre
-    1921 : Ingénieur de l'École Centrale des Arts et Manufactures, Paris
-    1937 : Médaille d'honneur, Palais de la découverte, Paris
-    1938 : Docteur ès Sciences, Paris
-    1948-1966 : Peintre du Département de la Marine
-    1953 : Prix Raoul Dufy, Biennale de Venise
-    1966 : Officier de la Légion d'honneur
-    1966 : Commandeur des Arts et Lettres
-    2000 : Juste parmi les nations


Collections publiques


Des peintures de Lapicque sont conservées dans les collections de nombreux musées, notamment :
en France (Paris, Dijon, Besançon, Grenoble, Nantes),
en Europe (Bruxelles, Copenhague, Essen, Munich, Stuttgart)
et en Amérique (New-York, Ottawa, Toronto).

Charles Lapicque - Musées et centres d'art

Musées et centres d'art

Musées et centres d'art


•    1960 : Musée d'arts de Nantes
•    1962 : Kunsthalle de Berne
•    1962 : Musée Lenbachhaus de Munich
•    1962 : Musée de peinture et de sculpture de Grenoble
•    1962 : Musée-maison de la culture, Le Havre
•    1963 : Städtisches museum, Trèves
•    1963 : Musée d'état, Luxembourg
•    1964 : Kunstverein, Hambourg
•    1965 : Musée de l'Athénée, Genève
•    1965 : Museum Folkwang, Essen
•    1967 : Kunstamt-Tempelhof, Berlin
•    1967 : Musée national d'Art moderne, Paris
•    1968 : Musée des beaux-arts de Nîmes
•    1969 : Musée municipal de Brest
•    1970 : Musée Toulouse-Lautrec, Albi
•    1978 : Musée national d'Art moderne, Cabinet d'art graphique, Paris
•    1979 : Musée des beaux-arts de Dijon
•    1986 : Musée de Morlaix
•    1991 : Royan, Centre d'arts plastiques
•    1992-1993 : Les Sables d'Olonne, Musée de l'abbaye Sainte-Croix
•    1998 : Royan, Centre d'arts plastiques
•    1996 : Antony, La Maison des arts
•    2008 : Musée de la Poste, Paris
•    2011 : Musée des beaux-arts de Besançon

Charles Lapicque - Expositions personnelles

Expositions personnelles

Expositions personnelles
 


•    1929 : Galerie Jeanne Bucher, Paris
•    1941 : Galerie Jeanne Bucher, Paris
•    1947 : Galerie Louis Carré, Paris
•    1949 : M. Van Geluwe, Bruxelles
•    1949 : Galerie Denise René, Paris
•    1950 : Galerie Birch - Denise René, Copenhague
•    1951 : Galerie Denise René, Paris
•    1952 : Galerie-librairie La Hune, Paris
•    1953 : Galerie Ex-libris, Bruxelles
•    1953 : Galerie Galanis, Paris
•    1954 : Galerie-librairie de la Cité, Brest
•    1956 : Galerie Galanis, Paris
•    1956 : Galerie Benador, Genève
•    1958 : Galerie Villand et Galanis, Paris
•    1959 : Galerie Villand et Galanis, Paris
•    1960 : Galerie Albert Loeb, New York
•    1960 : Galerie Villand et Galanis, Paris
•    1961 : Galerie Lefèvre, Londres
•    1962 : Galerie Villand et Galanis, Paris
•    1962 : Galerie Wilhelm Grosshennig, Düsseldorf
•    1963 : Galerie Villand et Galanis, Paris
•    1963 : Galerie Villand et Galanis, Paris
•    1964 : Galerie Villand et Galanis, Paris
•    1965 : Galerie Villand et Galanis, Paris
•    1965 : Galerie Louis Carré, Paris
•    1966 : Galerie Jacques Dubourg, Paris
•    1967 : Galerie Wolfgang Ketter, Munich
•    1968 : Galerie Jacques Dubourg, Paris
•    1969 : Galerie Jacques Dubourg, Paris
•    1970 : Galerie Verrière, Lyon
•    1970 : Galerie Vincence Krámare, Prague
•    1970 : Neue Galerie, Zurich
•    1972 : Galerie Jacques Dubourg, Paris
•    1972 : Neue Galerie, Zurich
•    1973 : Galerie Balanci Graham, Paris
•    1974 : Galerie André Pacitti, Paris
•    1974 : Galerie Balanci Graham, Paris
•    1978-1979 : Galerie Nathan, Zurich
•    1983 : Galerie Nathan, Zürich
•    1983 : Galerie Messine-Thomas Le Guillou
•    1984 : Galerie Patrice Trigano, Paris
•    1986-1987 : Galerie Nathan, Zurich
•    1989 : Galerie Louis Carré, Paris
•    1991 : Galerie Nathan, Zurich
•    1997 : Galerie Nathan, Zürich
•    2002 : Galerie Jeanne Bucher, Paris
•    2010 : Armel Antiquités, Paimpol
•    2010 : Galerie Enora, Paris
•    2011 : Galerie Broomhead Junker, Deauville
•    2013 : Galerie Broomhead Junker, Deauville
•    2018 : Galerie Broomhead Junker, Deauville

Charles Lapicque - Citations

Citations

Charles Lapicque
dans "Le rouge et le bleu dans les arts, 1936"

« J'avais montré que la règle classique, celle de Vinci, préconisant de placer les bleus dans le lointain, les rouges, orangés et jaunes au premier plan, est un contre-sens ; il est plus logique, plus favorable de faire l'inverse. »


Emmanuel Guigon
Directeur du Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie de Besançon
Extrait du catalogue de l'exposition : Charles LAPICQUE à Besançon, 2011, Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie.

"Charles LAPICQUE occupe une place particulière dans l'histoire de l'Art grâce à ses recherches chromatiques et à sa façon toute personnelle de dynamiser l'espace, d'utiliser la perspective. Il a su inventer en monde bien à lui."
 


Pierre Rosenberg
de l'Académie Française
Extrait du catalogue de l'exposition : Charles LAPICQUE à Besançon, 2011 Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie.

"Charles LAPICQUE on le répète souvent, c'est l'utilisation de la couleur dans toute sa plénitude, son incandescence, sa richesse, sa brutalité, sa diversité…"


Charles Estienne
Catalogue du Musée national d'art moderne, 1967

… Si les moyens dont use le peintre sont abstraits, et avec une précision que l’on peut donner en exemple, le but de l’artiste n’est pas de se complaire en ces moyens, d’en jouer, mais d’exprimer ce grand mythe de la mer qui est l’une des bases aussi de son aventure picturale. À voir courir ces fulgurantes arabesques de tons purs, à voir se nouer, se dénouer et rouler comme des vagues ce dessin si fort et si elliptique, on se dit que la peinture moderne a rencontré ici, avec un bonheur très exceptionnel, quelque chose de sa plus grande justification : ce grand rendez-vous avec la réalité qu’elle espère obscurément depuis pas mal d’années, cette « liberté de manœuvre » … D’autres peignent comme ils marchent : Lapicque, lui, peint, comme on suppose qu’il doit « barrer » en course. Et toutes les balises sont derrière lui.
 

Charles Lapicque - Peinture et Tapisserie

Peinture et Tapisserie

 

Raymond Picaud et Charles Lapicque
à la galerie Verrière, Lyon, mars, 1970
 

 

Peinture et Tapisserie

Les arts réputés « mineurs » ont toujours été, de ma part, l’objet d’une tendre prédilection. Dès ma jeunesse, j’allais passer d’interminables moments devant les vitraux de la Sainte Chapelle, les émaux champlevés du Musée de Cluny, les faïences de la collection Doisteau au Musée des Arts Décoratifs. La Tapisserie se révéla capitale vers 1930, brusquement et pour toujours. Je me revois tombant en arrêt devant un tissage au décor Bérain du Pavillon de Marsan ; puis bouleversé par les « Bûcherons dans la forêt », accrochés dans le même local. La « Dame à la Licorne », de Cluny, me devint également chère et, peu à peu, des quantités d’autres ouvrages tissés.

Cette attirance pour des productions si anciennes paraître étrange, peut-être, chez un artiste dont l’ambition, claire ou obscure, consciente ou non, ne pouvait être évidemment que de produire une œuvre dont la nouveauté fasse honneur à son siècle. Mais nul n’est tenu de partir de la « table rase » et l’on voit plutôt que tous les créateurs authentiques ont été stimulés par leur admiration pour certaines entreprises des hommes qui les ont précédés. Il faut, en d’autres termes, se nourrir de quelque chose : Cézanne a fabriqué du Cézanne en assimilant Poussin, comme le chien fabrique des muscles de chien en digérant de la viande de bœuf. Ceux qui rejettent la totalité du passé prouvent seulement la déficience de leurs fonctions stomacales.

Il est pourtant difficile à un novateur de s’inspirer des œuvres qui l’ont précédé de trop près, car il faut rompre les liens de la filiation naturelle et vécue avant d’amorcer une démarche personnellement créatrice. L’Art relève de l’Esprit, royaume dont l’entrée nous est ouverte par ce commandement du divin Sauveur : « Quitte ton père et ta mère… ». Or, notre adolescence avait été bercée par l’enthousiasme d’une génération dont la hardiesse moderniste s’arrêtait, selon les cas, aux toiles impressionnistes, aux peintures fauves, aux papiers collés du cubisme naissant, toutes catégories relevant de la plus ou moins récente peinture de chevalet sans qu’il soit jamais question d’aucune œuvre artisanale.

La cause de ce mépris était simple : les arts mineurs avaient subi une telle éclipse depuis un siècle et davantage que l’amateur « avancé » ne pouvait les glisser au compte créditeur de son orgueil. C’est donc en vert même de leur ancienneté que les pièces artisanales choyées par nos regards pouvaient constituer le ferment d’une action novatrice. Par nos secrètes et jubilantes incursions devant l’« Apocalypse d’Angers » ou les tentures du « Trésor de Reims », nous franchissions vertigineusement les siècles, nous échappions aux adhérences de la modernité historique pour nous approcher de la réminiscence intemporelle, principe de la modernité absolue.

On dit que Mozart enfant demandait à chaque personne rencontrée : « M’aimez-vous, m’aimez-vous bien ? ». L’interrogation que je lançais aux tapisseries d’autrefois étais bien voisine : « Malgré votre splendeur, votre prestigieuse distance, permettez-vous que je vous aime ? ». Elles le permirent et m’accordèrent en retour un privilège inappréciable : celui de concevoir, à force de sympathie pour leur rigueur laineuse, une peinture qu’on n’avait encore jamais vue et qui, à ce titre, accédait tout naturellement à l’actualité.

On comprendra maintenant qu’après avoir fondé une peinture sur l’amour de la Tapisserie, il était pour moi relativement facile, et bien tentant, de bâtir une Tapisserie qui soit fidèle à ma peinture. L’aventure ne démentit pas ces prémices favorables et c’est avec un accroissement de joie qu’à partir de 1961, déclenché par les circonstances, j’ajoutai à mes activités antérieures celle de peintre-cartonnier.

Plusieurs surprises m’attendaient cependant, toutes fort agréables. Je pensais rencontrer de multiples difficultés, fécondes peut-être, mais astreignantes, dans ce qu’on appelle ordinairement « les rapports du peintre et du lissier ». Il n’en fut rien. Que ce soit par la technique du « petit point » ou celle de la lisse, à Paris, à Felletin ou Aubusson, je n’ai trouvé sur ma route que des personnes si qualifiées et si ardentes qu’en leur confiant mon carton j’étais sûr qu’elles recevaient aussi mon inspiration. Cette Inspiration, toutefois, ne trouve sa forme sensible qu’à la fin du tissage, attendu que mon carton d’exécution, comme il se doit, consiste en un cloisonnement linéaire abstrait rempli seulement des numéros des laines. On devine alors mon émotion lorsque la pièce « tombe du métier ». Aucune œuvre réalisée de mes propres mains ne peut me donner l’exaltation que j’éprouve à contempler cet ouvrage que j’ai conçu mais que je « vois » pour la première fois.

Si j’étais Dieu le Père, j’annihilerais mes facultés d’imagination visuelle pendant la conception créatrice, afin d’égaler, au moment de l’incarnation des créatures, l’intensité de cette révélation du visible que le maître-lissier vient offrir à l’artiste-cartonnier.

 

Charles LAPICQUE

Texte de Marc METAYER - Expert de Charles Lapicque - 2017

Texte de Marc METAYER - Expert de Charles Lapicque - 2017

 

De gauche à droite : Marc Métayer, Michel Broomhead, Bruno Junker
 

... je tiens à souligner par la présente, l'action extrêmement positive
que La Galerie Broomhead Junker a pu mener depuis une vingtaine
d'années, en faveur de la défense et de la promotion de l'œuvre capitale
et unique au cours du vingtième siècle du Maître Charles LAPICQUE.

Marc METAYER
Expert de l'œuvre de Charles LAPICQUE
juin 2017